2ème trimestre
Avril
2001


 

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Alsace Qualité Environnement


Le Journal de la Qualité Environnementale


La Haute Qualité Environnementale : un enjeu social

La Haute Qualité Environnementale (H.Q.E.) est la concrétisation dans le domaine du bâtiment et de l’aménagement du concept de développement durable (1). C’est une démarche qualité qui intègre l’environnement.

La H.Q.E., c’est prendre en compte l’environnement et l’usager dans l’acte de construire. Lancée par le ministère du Logement au début des années 90 à travers un programme de Réalisations Expérimentales de logements sociaux, la démarche s’est étendue après 1992 aux lycées sous l’impulsion de conseillers régionaux écologistes. La grande sensibilité du public aux questions environnementales et l’arrivée d’élus écologistes à des postes de responsabilité lors des municipales va donner une impulsion supplémentaire à cette démarche.

 

HQE : une démarche qualité, fédératrice et intégratrice

Le démarche est fédératrice car elle réunit l’ensemble des acteurs de la construction, du décideur à l’usager en passant par le payeur, les professionnels du bâtiment et les associations citoyennes. Elle est intégratrice car elle ouvre la réflexion à chaque étape et dans chaque domaine technique.

S’agissant d’une démarche qualité, elle permet de reconsidérer la question de l’implantation du logement social et de son acceptation dans l’ensemble des quartiers, notamment de sa réintégration au cœur des villes, des bourgs et dans les villages.

 

Remettre l’usager au centre

LA HQE, c’est réfléchir très en amont au site, aux dessertes, aux matériaux, aux flux, à l’énergie, au confort… C’est surtout remettre l’usager au centre des préoccupations. En effet, construire est encore trop souvent considéré comme un geste architectural et un défi technique. Mais un bâtiment est essentiellement conçu, et cela semble pourtant oublié, pour abriter et accueillir des personnes : locataires, usagers…Le confort d’usage est un aspect central de la HQE. Construire pour et avec les gens.

S’agissant d’une démarche, la HQE permet d’associer le futur usager à la conception, à l’élaboration et au fonctionnement du bâtiment.

 

Bien-être et santé

Nous passons 80% de notre temps dans un bâtiment (lieu de résidence, de travail, de loisirs…). Or la qualité d’usage est insuffisamment considérée (aspects thermiques, olfactifs, éclairage, tri des déchets…) et les locaux peuvent être peu agréables à vivre. De plus, de récentes recherches montrent que l’air intérieur est parfois plus pollué que l’air extérieur (2). Les causes sont multiples : matériaux, peintures, moquettes, meubles, moisissures, climatisation, manque d’aération, remontées de pollutions des sols par capillarité…

Au cours des dernières décennies, la sous-évaluation de la relation habitat-santé a été en partie due au manque de vision globale et à une analyse trop fragmentaire. Nous devons nous appliquer à éviter les erreurs passées où soit l’environnement n’a pas été pris en compte dans la décision, soit les choix de gestion environnementale n’ont pas été faits à la lumière des conséquences sanitaires à court et à long terme.

 

Un mouvement en pleine expansion

La France, dont l’ avance européenne dans les années 70 sur les questions énergétiques a été étouffée par le puissant et totalitaire lobby nucléaire, est en train de se remettre à niveau grâce à la démarche HQE qui crée de nouveaux réseaux et en revitalise d’anciens. Les professionnels du bâtiment s’ouvrent de plus en plus à l’environnement, notamment pour satisfaire aux demandes des usagers, des compagnons et de la maîtrise d’ouvrage.

Les communes jouent un rôle fondamental dans une approche HQE à travers les choix d’aménagement et d’urbanisme, l’égalité urbaine, les règlements d’urbanisme… La HQE peut être un outil efficace pour la requalification et la mixité.

Par ailleurs, même si les contraintes réglementaires et financières sont particulièrement fortes pour la construction, la rénovation ou la réhabilitation de logements sociaux, l’approche qualité, sociale, économique ( coût global, réduction des charges…) et démocratique (usager - acteur, usager - expert) de la HQE est un levier performant pour permettre à une municipalité motivée d’insuffler une nouvelle culture aux bailleurs sociaux les plus conservateurs.

(1)La notion de développement durable, lancée lors du Sommet de la Terre de 1992, 2ème conférence des Chefs d'État sur l'environnement organisé par l'ONU implique la prise en compte de l'environnement à tous les stades des processus de décision et dans tous les domaines. Il s'agit de passer d'une approche réactive (l'environnement coûte) à une approche dite pro-active : l'environnement intégré dès la conception permet un développement harmonieux prenant en compte le long terme : "satisfaire les besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs".

(2) Un observatoire de la Qualité de l'air intérieur vient d'être constitué sous l'instigation du Ministère du Logement. Une campagne de mesures sur site portant sur un millier de bâtiments sera lancée dès 2001, après la réalisation d'une campagne pilote sur un échantillon réduit de 100 sites (Marseille, Lille,Strasbourg).

Andrée Buchmann