La
Haute Qualité Environnementale : un enjeu social
La
Haute Qualité Environnementale (H.Q.E.) est la concrétisation
dans le domaine du bâtiment et de l’aménagement du concept
de développement durable (1). C’est une démarche qualité
qui intègre l’environnement.
La
H.Q.E., c’est prendre en compte l’environnement et l’usager dans l’acte
de construire. Lancée par le ministère du Logement au
début des années 90 à travers un programme de Réalisations
Expérimentales de logements sociaux, la démarche s’est
étendue après 1992 aux lycées sous l’impulsion
de conseillers régionaux écologistes. La grande sensibilité
du public aux questions environnementales et l’arrivée d’élus
écologistes à des postes de responsabilité lors
des municipales va donner une impulsion supplémentaire à
cette démarche.
HQE :
une démarche qualité, fédératrice et intégratrice
Le
démarche est fédératrice car elle réunit
l’ensemble des acteurs de la construction, du décideur à
l’usager en passant par le payeur, les professionnels du bâtiment
et les associations citoyennes. Elle est intégratrice car elle
ouvre la réflexion à chaque étape et dans chaque
domaine technique.
S’agissant
d’une démarche qualité, elle permet de reconsidérer
la question de l’implantation du logement social et de son acceptation
dans l’ensemble des quartiers, notamment de sa réintégration
au cœur des villes, des bourgs et dans les villages.
Remettre
l’usager au centre
LA
HQE, c’est réfléchir très en amont au site, aux
dessertes, aux matériaux, aux flux, à l’énergie,
au confort… C’est surtout remettre l’usager au centre des préoccupations.
En effet, construire est encore trop souvent considéré
comme un geste architectural et un défi technique. Mais un bâtiment
est essentiellement conçu, et cela semble pourtant oublié,
pour abriter et accueillir des personnes : locataires, usagers…Le
confort d’usage est un aspect central de la HQE. Construire pour et
avec les gens.
S’agissant
d’une démarche, la HQE permet d’associer le futur usager à
la conception, à l’élaboration et au fonctionnement du
bâtiment.
Bien-être
et santé
Nous
passons 80% de notre temps dans un bâtiment (lieu de résidence,
de travail, de loisirs…). Or la qualité d’usage est insuffisamment
considérée (aspects thermiques, olfactifs, éclairage,
tri des déchets…) et les locaux peuvent être peu agréables
à vivre. De plus, de récentes recherches montrent que
l’air intérieur est parfois plus pollué que l’air extérieur
(2). Les causes sont multiples : matériaux, peintures, moquettes,
meubles, moisissures, climatisation, manque d’aération, remontées
de pollutions des sols par capillarité…
Au
cours des dernières décennies, la sous-évaluation
de la relation habitat-santé a été en partie due
au manque de vision globale et à une analyse trop fragmentaire.
Nous devons nous appliquer à éviter les erreurs passées
où soit l’environnement n’a pas été pris en compte
dans la décision, soit les choix de gestion environnementale
n’ont pas été faits à la lumière des conséquences
sanitaires à court et à long terme.
Un
mouvement en pleine expansion
La
France, dont l’ avance européenne dans les années 70 sur
les questions énergétiques a été étouffée
par le puissant et totalitaire lobby nucléaire, est en train
de se remettre à niveau grâce à la démarche
HQE qui crée de nouveaux réseaux et en revitalise d’anciens.
Les professionnels du bâtiment s’ouvrent de plus en plus à
l’environnement, notamment pour satisfaire aux demandes des usagers,
des compagnons et de la maîtrise d’ouvrage.
Les
communes jouent un rôle fondamental dans une approche HQE à
travers les choix d’aménagement et d’urbanisme, l’égalité
urbaine, les règlements d’urbanisme… La HQE peut être un
outil efficace pour la requalification et la mixité.
Par
ailleurs, même si les contraintes réglementaires et financières
sont particulièrement fortes pour la construction, la rénovation
ou la réhabilitation de logements sociaux, l’approche qualité,
sociale, économique ( coût global, réduction des
charges…) et démocratique (usager - acteur, usager - expert)
de la HQE est un levier performant pour permettre à une municipalité
motivée d’insuffler une nouvelle culture aux bailleurs sociaux
les plus conservateurs.
(1)La
notion de développement durable, lancée lors du Sommet
de la Terre de 1992, 2ème conférence des Chefs d'État
sur l'environnement organisé par l'ONU implique la prise en compte
de l'environnement à tous les stades des processus de décision
et dans tous les domaines. Il s'agit de passer d'une approche réactive
(l'environnement coûte) à une approche dite pro-active
: l'environnement intégré dès la conception permet
un développement harmonieux prenant en compte le long terme :
"satisfaire les besoins des générations présentes
sans compromettre la capacité des générations futures
à satisfaire les leurs".
(2)
Un observatoire de la Qualité de l'air intérieur vient
d'être constitué sous l'instigation du Ministère
du Logement. Une campagne de mesures sur site portant sur un millier
de bâtiments sera lancée dès 2001, après
la réalisation d'une campagne pilote sur un échantillon
réduit de 100 sites (Marseille, Lille,Strasbourg).
Andrée
Buchmann